Choisir un oculaire pour son télescope – absolument tout savoir

Meilleur télescope (3)

Comment choisir un oculaire pour son télescope ?

Choisir correctement ses oculaires est essentiel pour exploiter au mieux son télescope. Ce guide explique ce qu’est un oculaire et son rôle dans la chaîne optique, comment sa focale détermine le grossissement, l’importance du champ de vision apparent et réel, les différences entre formats 1,25” et 2”, je vais aussi vous donner quelques conseils en fonction du type de télescope (réfracteur, réflecteur Newton, maksutov-casegrain etc). Nous aborderons aussi les besoins spécifiques selon les cibles (planètes, Lune, ciel profond), l’impact des conditions d’observation (seeing et transparence) sur le choix des focales, le rôle des lentilles de Barlow.

Je vais aussi parler d’un point très important : celui des porteurs de lunettes. Il faut faire attention à quelques détails pour pouvoir observer sans devoir enlever ses lunettes à chaque fois et d’ailleurs il vaut mieux les garder pour les astigmates par exemple. et enfin on fera un panorama des oculaires recommandés selon différents budgets (entrée, milieu, haut de gamme.


Au programme (c’est dense mais vous saurez vraiment tout):

1) Qu’est-ce qu’un oculaire et quel est son rôle ?


2) Focale de l’oculaire et grossissement : comprendre le rapport


3) Champ apparent et champ réel : l’étendue du ciel visible


4) Oculaires 1,25” vs 2” : avantages, inconvénients et compatibilité


5) Choisir ses oculaires selon le type de télescope


6) Choisir un oculaire selon les cibles observées


7) Influence des conditions d’observation : turbulence (seeing) et transparence du ciel


8) Les lentilles de Barlow : booster de grossissement ou fausse bonne idée ?


9) Port de lunettes : le RELIEF D’ŒIL, un point crucial


10) Oculaires : recommandations par budgets (entrée, milieu, haut de gamme) tous les liens en description.


Qu’est-ce qu’un oculaire et quel est son rôle ?

Un oculaire est un ensemble de lentilles qu’on place à l’extrémité du télescope, au niveau du porte-oculaire. Il s’agit d’une pièce optique indispensable : sans oculaire, l’image formée par le miroir ou l’objectif ne pourrait pas être observée à l’œil nu . L’oculaire agit comme une loupe qui grossit l’image située au foyer du télescope .

Le choix de l’oculaire influence donc directement le grossissement, le champ de vision et la qualité de l’image. Les oculaires se déclinent en de nombreuses conceptions optiques, chacune ayant ses caractéristiques de champ, de contraste, de correction des aberrations, de relief d’œil (distance à laquelle on place l’œil, donnée essentielle pour les porteurs de lunettes) et bien sûr de prix .

À noter : La plupart des télescopes sont fournis d’origine avec un ou deux oculaires de base (souvent un oculaire de ~25 mm pour les faibles grossissements et un d’environ 10 mm pour les forts grossissements). Ces oculaires livrés en kit sont généralement de qualité assez moyenne, suffisants pour débuter mais rapidement limitants . Il est donc recommandé d’envisager l’achat de nouveaux oculaires pour compléter ou remplacer ceux d’origine, afin d’améliorer vos observations .


Focale de l’oculaire et grossissement : comprendre le rapport

La focale de l’oculaire, exprimée en millimètres (mm), est le paramètre principal qui détermine le grossissement obtenu avec un télescope. La règle est simple :

le grossissement = focale du télescope / focale de l’oculaire .

Par exemple, avec un télescope de 750 mm de focale, un oculaire de 10 mm donnera un grossissement de 75× (750/10) .

Combien de grossissements prévoir ? Idéalement, il convient d’avoir un ensemble de 3 à 4 oculaires offrant une gamme de grossissements espacés de manière significative. ¨Une règle pratique est de choisir des paliers avec un facteur d’environ 1,4 à 1,5× entre chaque ocualire. Par exemple, on peut viser un oculaire donnant un faible grossissement (pour les objets étendus), un intermédiaire et un fort grossissement pour les planètes ou détails lunaires. Une combinaison classique conseillée est 25 mm / 10 mm / 5 mm, qui « couvre tous les grossissements sur la quasi-totalité des instruments » .

Attention à ne pas chercher le grossissement maximal absolu de votre instrument. Au-delà d’une certaine limite, on n’obtient qu’une image floue ou sans détails supplémentaires. D’une part, l’atmosphère brouille les images quand on grossit trop (on en parle après dans la section Seeing) . D’autre part, il existe une limite physique liée au diamètre de votre télescope : on considère qu’on ne peut utilement grossir au-delà d’environ 2× le diamètre (en mm) . Par exemple, un télescope de 130 mm a une limite théorique vers ~260× . Au-delà, l’image s’assombrit et devient floue (phénomène de diffraction).

En pratique, le grossissement optimal dépend de la cible observée. Un faible grossissement est souvent idéal pour les objets étendus: grands amas ouverts, nébuleuses diffuses, voir la Lune en entier, comète noyée dans un champ d’étoiles, etc., car il donne une vision d’ensemble lumineuse . À l’inverse, des grossissements forts sont indispensables pour des cibles petites ou détaillées: distinguer des détails planétaires, des cratères lunaires fins, séparer des étoiles serrées ou résoudre le cœur d’un amas globulaire . Chaque situation a son « grossissement optimal » où l’objet apparaît le mieux : variez les oculaires pour trouver le meilleur compromis.


Champ apparent et champ réel : l’étendue du ciel visible

En plus du grossissement, un critère crucial dans le choix d’un oculaire est le champ de vision qu’il offre. On distingue le champ apparent de l’oculaire et le champ réel qu’on observe dans le ciel :

  • Le champ apparent d’un oculaire est l’angle, en degrés, sous lequel l’œil perçoit l’image à travers cet oculaire . C’est une caractéristique propre à chaque modèle d’oculaire, généralement fournie par le fabricant. Les oculaires standardsoffrent souvent un champ apparent autour de 40–50° . Les oculaires dit « grand champ » montent à ~60–70°, et les modèles ultra grand champ offrent 80°, 100° voire plus .
  • Ensuite on a Le champ réel qui est la portion du ciel (exprimée en degrés d’arc) effectivement visible à travers le télescope avec cet oculaire. Il dépend du champ apparent et du grossissement selon la formule : champ réel = champ apparent / grossissement . Ainsi, plus le grossissement est élevé), plus le champ réel observé dans le ciel est petit.

Un large champ apparent procure à l’observateur une impression d’immersion « spatiale » très appréciable – on a l’impression de regarder par un large hublot – alors qu’un oculaire à petit champ donne l’impression de regarder l’astre au fond d’un étroit tunnel . Par exemple, avec le même télescope et le même grossissement, un oculaire de 45° peut ne montrer qu’une portion de la Lune, alors qu’un oculaire de 82° la contiendra entièrement et donnera une sensation visuelle beaucoup plus panoramique . (mettre une comparaison)

Les oculaires à grand champ offrent donc un confort d’observation supérieur : on passe moins de temps à recentrer l’objet (utile notamment sans suivi motorisé) et la sensation visuelle est plus immersive. En contrepartie, ces oculaires sont souvent plus complexes (contenant plus de lentilles) et donc plus chers. Ils sont aussi plus encombrants et plus lourds, ce qui peut parfois déséquilibrer un petit télescope . On considère qu’à partir d’environ 60° de champ apparent, on entre dans le domaine du grand champ. Un champ apparent de 60–70° constitue un excellent compromis pour l’observation visuelle : l’immersion est déjà très agréable, tout en conservant un poids et un coût modérés comparés aux extrêmes .

En pratique, pour choisir le champ apparent de vos oculaires, considérez les objets que vous observez le plus souvent et le champ réel qu’ils requièrent. Par exemple, voulez-vous voir la Lune en entier dans l’oculaire ? Si oui, assurez-vous que le champ réel obtenu soit légèrement supérieur à 0,5° (diamètre lunaire) . Pour voir l’amas des Pléiades (≈2° d’étendue) en entier, il faut un champ réel d’au moins 2° . Vous atteindrez ces champs réels soit avec un plus faible grossissement, soit avec un oculaire à plus grand champ apparent – idéalement les deux. La formule champ réel = champ apparent / grossissement peut vous guider : par exemple un oculaire donnant 60× avec 60° de champ apparent couvre 1° de ciel réel , tandis que 60× avec 80° de champ apparent couvrirait ~1,33°.

En résumé : un grand champ apparent (≥60°) est particulièrement bénéfique pour les objets étendus du ciel profond et pour le confort général d’observation (moins de recadrage fréquent, impression « espace »). Il permet également de trouver les objets recherchés et ensuite on commencer à zoomer!  Un champ apparent standard (40–50°) suffit pour les forts grossissements sur les planètes ou petits objets, surtout si vous avez un suivi motorisé qui garde la cible au centre. Il est courant d’avoir un mélange d’oculaires standard et grand champ dans sa panoplie, en fonction des usages souhaités .


Oculaires 1,25” vs 2” : avantages, inconvénients et compatibilité

Les oculaires astronomiques existent principalement en deux formats standards de diamètre (appelé coulant ou jupe de l’oculaire) : 31,75 mm (soit 1,25 pouce) et 50,8 mm (soit 2 pouces) . Ces dimensions correspondent au diamètre du cylindre métallique inséré dans le porte-oculaire.

  • Le format 1,25” (31,75 mm) est de loin le plus répandu : quasiment tous les télescopes du commerce l’utilisent. La majorité des oculaires du marché (surtout de focales courtes à moyennes) sont en 1,25”. C’est le standard sur lequel vous aurez le plus de choix. Ce format a l’avantage d’être compact et léger, généralement moins coûteux pour une même formule optique qu’en 2”. Il couvre parfaitement la plupart des besoins en grossissements moyens et forts.
  • Le format 2” (50,8 mm) se rencontre surtout sur les oculaires de longue focale et/ou de très grand champ. En effet, un oculaire qui combine une focale élevée et un large champ apparent produit un faisceau lumineux large en sortie. Au-delà d’un certain diamètre, le coulant 31,75 mm devient trop étroit et vignetterait (il bloquerait une partie des rayons en provenance des bords du champ) .
  •  L’inconvénient est que ces oculaires 2” sont souvent volumineux et lourds, pouvant peser plus d’un kilogramme pour certains modèles ultra-grand champ ! Assurez-vous que votre télescope (et monture) peut équilibrer un tel poids.

En résumé, pour les télescopes d’entrée/milieu de gamme de petit diamètre, le 1,25” couvre 100% des besoins usuels. Le format 2” devient indispensable surtout dès que l’on veut explorer les plus faibles grossissements et grands champs que l’instrument peut fournir (typiquement pour le ciel profond riche). Vérifiez le diamètre de votre porte-oculaire pour savoir ce qu’il peut accepter. Si vous avez un doute, un télescope doté d’un porte-oculaire 2” est souvent un gage d’évolutivité, car il pourra accueillir toute la gamme d’oculaires existants.


Choisir ses oculaires selon le type de télescope

Chaque télescope a ses spécificités qui influencent le choix des oculaires : longueur focale, ouverture, type de foyer, et compatibilité des accessoires.


1.  En ce qui concerne les Lunettes astronomiques (réfracteur)

  • Lunettes longues (f/D 10–15) : Idéales pour le planétaire, elles offrent des grossissements élevés même avec des oculaires de focale moyenne (10–30 mm). Privilégiez un oculaire grand champ pour avoir des vues d’ensemble, surtout si votre porte-oculaire accepte le format 2”. Les oculaires simples (type Plössl) fonctionnent bien sur ces lunettes à longue focale.
  • Lunettes courtes (f/D 5–7) : Parfaites pour le ciel profond : optez pour des oculaires grand champ (> 30 mm, 2”) pour explorer de larges zones du ciel. Pour le planétaire, il faudra des oculaires très courts (3–5 mm), ou utiliser une Barlow. Les instruments très ouverts demandent des oculaires bien corrigés pour éviter du flou en bord de champ.

En résumé : Sur une lunette, combinez un oculaire de longue focale grand champ (pour le ciel profond) et un ou deux de courte focale (ou un moyen + Barlow) pour le planétaire. L’absence d’obstruction permet d’aller loin en grossissement ; sur une achromat, attendez-vous à un peu de chromatisme à fort grossissement.


2. Télescope réflecteur Newton (et Dobson)

  • Focale typique (~1000–1200 mm) : Un set classique couvre 50×, 100–150×, et 200–250×.
  • Porte-oculaire : La plupart des Newton ≥ 150 mm acceptent les oculaires 2”, parfaits pour le grand champ.
  • Coma et champ : Sur les Newton ouverts (f/4–f/5), attention à la coma : des oculaires haut de gamme ou un correcteur de coma permettent de garder une image nette jusqu’au bord. Les Dobson profitent particulièrement des oculaires à très grand champ (70–100°) pour faciliter le suivi manuel et l’immersion.

En résumé : Un bon Newton avec un 2” grand champ (25–30 mm), complété par des focales courtes (5–10 mm) de qualité, couvre tout : nébuleuses, planètes, Lune.


3. Télescope catadioptrique (Schmidt-Cassegrain, Maksutov)

  • Longue focale : Ces tubes donnent vite des forts grossissements : inutile d’aller sous 5–8 mm ; préférez des focales plus longues pour les faibles grossissements (ex : 32–40 mm).
  • Champ limité : Les SCT/Maks sont limités par le diamètre de leur baffle : un C8 (200 mm) profite du format 2”, mais en dessous (Maksutov < 150 mm), rester en 1,25” est préférable.
  • Qualité optique : Un simple Plössl donne déjà une bonne image, mais les oculaires à long relief d’œil et champ large sont un vrai confort (surtout pour le planétaire et les porteurs de lunettes).
  • Ciel profond : Ces instruments sont à l’aise sur les objets compacts et lumineux. Pour les grandes nébuleuses, on reste limité par le champ réel du tube.

En résumé : Orientez-vous vers des oculaires de plus longue focale pour profiter des faibles grossissements. Passez au 2” sur les SCT 8” ou plus pour le ciel profond. Les focales intermédiaires (15–25 mm, champ 68–82°) sont polyvalentes pour le reste. Les oculaires haut de gamme améliorent le contraste mais ne sont pas indispensables pour avoir de belles images.


Astuce générale :

Pour chaque instrument, panachez votre set :

  • une longue focale grand champ (ciel profond, repérage)
  • une focale moyenne (amas, nébuleuses, galaxies compactes)
  • une courte focale de qualité (planétaire, détails lunaires, étoiles doubles)

Et adaptez la qualité des oculaires à l’ouverture et à la rapidité de votre instrument pour profiter pleinement de chaque session !


Choisir un oculaire selon les cibles observées

Les besoins en oculaires varient selon que l’on observe les planètes, la Lune, des objets du ciel profond (galaxies, nébuleuses) ou des étoiles (amas stellaires, étoiles doubles). Voici quelques conseils pour adapter votre choix d’oculaire en fonction des cibles visées :

  • Observation planétaire et lunaire : Ce domaine requiert des grossissements élevés pour discerner des détails fins (anneaux de Saturne, bandes de Jupiter, cratères lunaires, casques polaires de Mars, etc.). On privilégiera donc des oculaires de courte focale. Sur un instrument de focale moyenne (1000–1200 mm), cela correspond à des oculaires de ~3 mm à 7 mm pour couvrir 150× à 300×. Sur un SCT/Mak, des focales un peu plus longues (~8–15 mm) suffiront pour atteindre ces mêmes puissances. La qualité optique de l’oculaire est ici importante : le contraste et la précision de l’image doivent être maximaux. Les oculaires orthoscopiques classiques (Champ ~40°, relief d’œil court) ont longtemps été la référence des puristes pour le planétaire, tout comme les monocentriques (champ très étroit mais contraste ultime). De nos jours, des oculaires plus modernes offrent un excellent piqué et un champ confortable, ce qui est appréciable même en planétaire. Un grand champ n’est pas obligatoire pour du planétaire si vous avez un suivi, mais si vous pointez manuellement (Dobson), un oculaire de 70°+ est un vrai plus pour garder la planète plus longtemps dans le champ. Pour la Lune, qui est très lumineuse, on peut monter en grossissement tant que l’image reste nette, parfois au-delà de 2× le diamètre de l’instrument si le ciel est exceptionnel. Prévoyez quand même un filtre lunaire si vous observez à faible grossissement, pour ne pas vous éblouir. En planétaire, il peut être intéressant d’avoir des oculaires offrant des pas de grossissement assez fins (par exemple 5 mm, 6 mm, 8 mm) afin de s’adapter précisément aux conditions de turbulence du moment.

  • Objets du ciel profond (nébuleuses diffuses, galaxies)Ces objets sont souvent étendus et peu lumineux. Pour les observer dans leur ensemble et avec le maximum de lumière, on privilégie les faibles grossissements, donc des oculaires de longue focale. Un grand classique est l’utilisation d’un oculaire ~30 mm donnant la plus grande pupille de sortie raisonnable (4–7 mm selon l’instrument) pour « ramasser » un maximum de photons. Par exemple, la galaxie d’Andromède (M31) ou la nébuleuse d’Orion (M42) sont superbes à 30–50× dans un télescope de 20 cm, occupant une grande partie du champ. Il faut viser un champ réel suffisant pour contenir l’objet : plusieurs degrés pour les plus grands (ex. les Pléiades font ~2°). Cela nécessite souvent un oculaire grand champ combiné à un faible grossissement. Avec un 25 mm 68° sur un Dobson 250 mm f/5, on obtient ~50× et ~1,3° de champ réel, couvrant déjà beaucoup de nébuleuses. Un oculaire 2” grand champ (ex. 40 mm 72°) peut atteindre le champ maximal (~2°) sur ce même instrument, permettant de voir en entier des objets comme la rosette de Monocéros ou la galaxie d’Andromède et ses deux compagnons M32/M110 en une seule vue. Notons que sous un ciel pollué ou voilé, les objets diffus souffrent et un faible grossissement peut rendre le fond du ciel très clair, diluant le contraste. Dans ces conditions, il peut être préférable d’augmenter un peu le grossissement pour assombrir le fond de ciel et faire ressortir l’objet . Par exemple, sous un ciel périurbain, passer de 40× à 80× peut assombrir suffisamment le fond du ciel pour mieux voir une galaxie, quitte à n’en observer qu’une partie. C’est un équilibre à trouver en fonction de votre ciel : sous un ciel très noir, on profite pleinement des faibles grossissements (fonds de ciel bien sombres), sous un ciel moyen, un grossissement modéré aide parfois. Enfin, l’usage de filtres (UHC, OIII, etc.) avec l’oculaire peut grandement améliorer l’observation de certaines nébuleuses – c’est un autre sujet, mais pensez-y pour le ciel profond diffus.

  • Amas d’étoiles et objets stellaires : Les amas d’étoiles se répartissent en amas ouverts (étoiles dispersées, souvent étendus) et amas globulaires (très denses, compacts).
    • Pour les amas ouverts, un faible à moyen grossissement est conseillé, de sorte à bien voir l’ensemble de l’amas dans son environnement stellaire. Beaucoup d’amas ouverts (M45 les Pléiades, M44 la Crèche, l’amas d’Hercules…) font de 0,5° à 2° de diamètre apparent, donc il faut un champ réel équivalent. Un oculaire de ~20 mm grand angle est souvent idéal pour ça sur un instrument moyen. La richesse en étoiles de ces objets ressort bien avec un bon contraste et un champ large. On apprécie aussi un relief d’œil confortable pour ce type d’observation prolongée.

  • Pour les amas globulaires, qui sont des « boules » d’étoiles lointaines très concentrées, il faut souvent monter en grossissement pour tenter de résoudre les étoiles individuelles sur les bords. Un grossissement fort (200–300× sur un 200 mm) peut commencer à dévoiler les étoiles périphériques d’un amas comme M13 ou M22, là où à 50× on ne voyait qu’une tache floue. Cependant, il faut suffisamment d’ouverture et un ciel stable pour les fort grossir, sinon l’image devient floue. On peut alterner : un globulaire est joli à faible grossissement (petite bille lumineuse dans un champ étoilé) et impressionnant à fort grossissement (myriade d’étoiles minuscules).

  • Les étoiles doubles ou multiples nécessitent aussi des forts grossissements, surtout pour les paires serrées. C’est un cas proche du planétaire : on va chercher le pouvoir séparateur max de l’instrument, donc des oculaires de 5–10 mm, voire moins si l’optique et le ciel le permettent. Un oculaire avec faible diffusion lumineuse et bonne correction donnera les plus belles images (éviter les oculaires bas de gamme qui peuvent générer des reflets parasites autour des étoiles brillantes). Comme pour les planètes, le champ apparent n’a pas besoin d’être énorme (on vise un objet ponctuel), mais un peu de champ et de confort visuel ne font pas de mal. Pour les étoiles doubles aux couleurs contrastées, observer à moyenne puissance peut suffire et être plus esthétique, donc n’hésitez pas à tester différents grossissements.

En somme, on voit que chaque cible a son oculaire de prédilection : les planètes/lune aiment les courtes focales de haute qualité, les nébuleuses étendues aiment les longues focales grand champ, les amas ouverts des focales intermédiaires grand champ, les objets stellaires compacts des focales courtes à moyennes suivant le but. Idéalement, construisez votre set d’oculaires pour pouvoir couvrir toutes ces situations. Avec 3 ou 4 oculaires bien choisis (par exemple ~5 mm, ~10 mm, ~18 mm, ~30 mm) on peut déjà tout faire sur un instrument polyvalent.


Influence des conditions d’observation : turbulence (seeing) et transparence du ciel

Même le meilleur oculaire ne peut pas vaincre les limites imposées par l’atmosphère et la qualité du ciel. Deux facteurs principaux entrent en jeu : la turbulence atmosphérique (seeing) et la transparence du ciel. Il est important de comprendre leur impact pour adapter le choix de l’oculaire (notamment sa focale) aux conditions du moment.

  • Turbulence / Seeing : Quand l’air est instable (nappes d’air chaud/froid mélangées), les images à fort grossissement deviennent floues et tremblotantes. Ce phénomène, bien connu des astronomes, limite concrètement le grossissement utile à un instant donné. Par mauvaise nuit, même un télescope de 300 mm peut être bridé à 150× ou 200× avant que l’image se dégrade. Il est donc crucial de ne pas sur-grossir lorsque le seeing est défavorable. Si vous utilisez un oculaire trop court (grossissement excessif), l’astre observé apparaîtra brouillé, sans gain de détail – voire pire qu’à grossissement inférieur. Au contraire, à grossissement modéré, l’image semblera plus nette et stable. « La turbulence atmosphérique vient souvent gâcher les images à fort grossissement » rappelle Stelvision : seules quelques nuits par an offrent un ciel assez stable pour pousser un instrument dans ses derniers retranchements. En pratique, cela signifie qu’il faut adapter votre plus court oculaire aux conditions : par nuit moyenne, vous n’utiliserez peut-être que votre 8 mm là où, par nuit excellente, le 5 mm donnera enfin son plein potentiel. Un signe que vous grossissez trop par rapport au seeing est l’aspect « bouillonnant » ou flou permanent de l’image, sans amélioration en mise au point – dans ce cas, repassez à un oculaire de focale un peu plus longue. Retenez également la règle des 2× le diamètre (voir section précédente) : c’est une limite théorique souvent inatteignable en pratique faute de ciel parfait . Ainsi, un 200 mm a une limite théorique ~400×, mais en réalité on dépasse rarement 250× utilement. La qualité optique de l’oculaire peut jouer un rôle secondaire ici : un oculaire haut de gamme pourra délivrer une image un peu plus fine et contrastée qu’un bas de gamme dans de la turbulence, mais si le ciel est très instable, même le meilleur oculaire ne fera pas de miracle.

  • Transparence / Pollution lumineuse : La transparence désigne l’absence de brume, nuages, humidité, etc., qui pourraient atténuer la lumière des astres. Un ciel transparent et noir permet d’exploiter pleinement de faibles grossissements (grandes pupilles de sortie) pour observer des nébuleuses très faibles. En revanche, sous un ciel avec de la pollution lumineuse ou un léger voile, utiliser un oculaire donnant une pupille de sortie trop grande (c.-à-d. un très faible grossissement) peut rendre le fond du ciel laiteux et noyer l’objet diffus dedans. Dans ces conditions, il peut être bénéfique d’augmenter le grossissement modérément pour assombrir le fond du ciel (puisque l’oculaire répartit la même lumière sur une surface rétinienne plus large, le ciel apparaît plus sombre) . Attention, ceci assombrit aussi l’objet lui-même, donc il y a un compromis : pour les nébuleuses pas trop faibles (amas ouverts riches, certaines galaxies), un peu plus de grossissement peut augmenter le contraste perçu, tandis que pour une nébuleuse très faible proche du seuil de visibilité, tout grossissement en plus la rendra invisible. Un exemple : sous un ciel périurbain, on voit mieux la nébuleuse de l’Haltère (M27) à 80× qu’à 40×, car le ciel de fond s’assombrit plus que la nébuleuse ne faiblit. En zone très polluée, on peut aller encore plus haut en grossissement sur de petits objets pour améliorer le contraste (quitte à n’observer que le cœur de la nébuleuse). En zone peu polluée mais légèrement brumeuse, on choisira un grossissement modéré. Il n’y a pas de règle unique, mais retenez : si le fond de ciel vous paraît trop clair à l’oculaire, essayez un oculaire de focale légèrement plus courte (grossissement ↑) pour le noircir. Enfin, la transparence impacte surtout les objets diffus ; pour les planètes ou étoiles (objets ponctuels et brillants), un ciel un peu voilé a moins d’impact – on peut observer Jupiter à travers une fine couche nuageuse (il y aura juste moins de contraste). En revanche, un voile ou de la pollution aggravent la diffusion de la lumière parasite, pouvant créer des reflets dans l’oculaire sur les objets brillants. Les oculaires haut de gamme, avec des traitements antireflets efficaces, s’en sortiront mieux de ce point de vue, révélant par exemple plus de satellites faibles autour d’une planète brillante qu’un oculaire bas de gamme ébloui par les reflets internes.

En conclusion, adaptez vos choix de focales et de grossissements à l’état du ciel. Par bonne nuit stable, sortez l’oculaire le plus court et profitez-en pour traquer les fins détails. Par nuit moyenne ou médiocre, mieux vaut rester sur des grossissements modérés : l’image sera plus propre et vous verrez au final plus de détails qu’en poussant trop. Et si le ciel est laiteux, privilégiez des grossissements modestes sur les grands objets diffus ou recentrez-vous sur des cibles plus brillantes. Gardez aussi en tête que l’expérience s’acquiert : en multipliant les observations, vous saurez de mieux en mieux quel oculaire conviendra le mieux à tel objet dans telles conditions, et vous saurez interpréter ce que vous voyez (par ex. si l’image d’une étoile est agitée à 200×, ce n’est pas la faute de l’oculaire mais bien du ciel turbulent).


Les lentilles de Barlow : booster de grossissement ou fausse bonne idée ?

La lentille de Barlow est un accessoire optique couramment utilisé en astronomie. Il s’agit d’un groupe de lentilles divergent, que l’on vient intercaler entre l’oculaire et le porte-oculaire (ou le renvoi coudé). La Barlow a pour effet de multiplier la focale effective du télescope, et donc de multiplier le grossissement fourni par un oculaire donné . Par exemple, une Barlow 2× double le grossissement : un oculaire de 20 mm qui donnait 50× sur votre instrument donnera 100× avec la Barlow 2×. Il existe aussi des Barlow 3× (triplement) et d’autres facteurs (1,5×, 5×, etc., y compris des modèles zoom à facteur variable).

Intérêts d’une Barlow : La Barlow permet d’atteindre de forts grossissements sans avoir recours à des oculaires de focales trop courtes, souvent inconfortables. Par exemple, il est plus agréable d’observer avec un oculaire de 10 mm plus une Barlow 2× (qui équivaut à un 5 mm) qu’avec un oculaire seul de 5 mm, car le 10 mm aura généralement un relief d’œil plus long (distance œil-oculaire plus grande) et un champ apparent possiblement plus large. La Barlow est donc un moyen économique et pratique d’augmenter sa gamme de grossissements : avec deux oculaires et une Barlow 2×, vous avez en fait quatre grossissements disponibles. C’est idéal pour affiner l’observation planétaire par exemple. Par ailleurs, sur les instruments très ouverts (f/5 et moins), une bonne Barlow peut aider à « adoucir » le faisceau lumineux pour l’oculaire, améliorant son rendement (certaines Barlow sont utilisées dans ce but optique, on parle de Barlow paracorr pour les Newton f/3 par ex.).

Inconvénients et précautions : Une Barlow ajoute des lentilles sur le trajet optique, ce qui peut causer une légère perte de luminosité et introduire des aberrations si elle est de mauvaise qualité. En général, les Barlow milieu/haut de gamme sont bien traitées anti-reflets et quasiment apochromatiques (pas de chromatisme ajouté). Mais une Barlow bas de gamme peut dégrader l’image : perte de piqué, contraste amoindri. De plus, si on cumule les grossissements (ex. oculaire très court + Barlow, ou pire plusieurs Barlow en cascade), on dépasse vite le grossissement utile de l’instrument et l’image devient mauvaise. L’intérêt de la Barlow est surtout de garder un bon confort oculaire en obtenant de forts grossissements , mais il ne faut pas s’attendre à des miracles : « peu de couples oculaire/Barlow pourront donner une image équivalente à un oculaire de focale équivalente sans Barlow » note Pierro-Astro . Autrement dit, un excellent oculaire de 5 mm procurera toujours une image un peu meilleure qu’un 10 mm moyen + Barlow 2×.

Conseils d’utilisation : Si vous investissez dans une Barlow, choisissez une bonne optique (par ex. les Barlow apochromatiques 3 lentilles, ou les modèles télécentriques type Tele Vue Powermate qui sont haut de gamme). Ces dernières respectent mieux la qualité de l’image et beaucoup d’observateurs les trouvent indispensables en planétaire haute résolution (imagerie notamment). À l’inverse, évitez de multiplier les Barlow ou de les utiliser sur des cibles faibles : chaque verre supplémentaire fait perdre un peu de lumière et de contraste, ce qui pénalise notamment le ciel profond. Enfin, sachez qu’une Barlow modifie la plage de mise au point : dans de rares cas, un télescope peut ne pas faire la mise au point avec certaines combinaisons (surtout en photo ou binoculaire). En visuel, c’est généralement sans problème.

En résumé, la Barlow est un outil utile pour élargir la palette de grossissements sans trop de frais, et pour observer confortablement à fort grossissement . Utilisée avec parcimonie (une seule Barlow de bon calibre), elle n’altère quasiment pas l’image et offre même plus de flexibilité. Mais ne comptez pas sur elle pour « pousser » votre instrument au-delà de ses limites : si le ciel ou le télescope ne permettent pas 300×, mettre une Barlow ne changera rien à cela. Voyez-la comme un multiplicateur pratique, pas comme un remède miracle.

Exemple d’une lentille de Barlow 2× au coulant 1,25”. En insérant cet accessoire avant l’oculaire, on double la focale de l’instrument et donc le grossissement fourni . Les Barlow de qualité possèdent des lentilles traitées pour minimiser la perte de lumière et le chromatisme.


Port du lunettes : le RELIEF D’ŒIL, un point crucial

Vous portez des lunettes ?

Alors un critère fondamental entre en jeu : le relief d’œil, c’est-à-dire la distance à laquelle l’image se forme derrière l’oculaire, là où vous devez placer votre œil.

Avec beaucoup d’oculaires classiques, en particulier les focales courtes et les Plössl d’entrée de gamme, il faut coller l’œil sur la lentille. Si vous gardez vos lunettes pour observer (par exemple, si vous êtes astigmate : dans ce cas il FAUT garder vos lunettes), il vous faut un relief d’œil d’au moins 15 à 20 mm pour observer confortablement sans vous faire mal.

Heureusement, de nombreux oculaires modernes – séries planétaires, certains grand champ (Baader Hyperion, Pentax XW, Tele Vue Delos, Explore Scientific LER…) – sont conçus pour les porteurs de lunettes. Vérifiez toujours ce critère avant achat, c’est noté dans les fiches techniques.

Petit conseil : testez si possible en magasin ou lors d’une soirée d’observation, parce qu’on ne supporte pas tous de devoir enlever ses lunettes ou de coller l’œil sur la lentille.

Et attention : certains oculaires, même haut de gamme, ont un relief court sur les très courtes focales !


Oculaires : recommandations par budgets (entrée, milieu, haut de gamme) tous les liens en description.

Le choix d’oculaires est vaste, avec des prix variant d’une vingtaine d’euros à plusieurs centaines d’euros l’unité. Pour s’y retrouver, on peut classer l’offre en trois gammes de budget :

  • Entrée de gamme – Oculaires à moins de ~50 € chacun.
  • Milieu de gamme – Environ 50 à 200 € chacun.
  • Haut de gamme – Au-delà de ~200 € chacun.

Commençons par l’Entrée de gamme (entre 50 et 100 euros par oculaire)

Je partirai sur les oculaires Explore Scientifique 52° LER (Long Eye Relief). Qualité excellente, champ de 52° ce qui reste très raisonnable surtout si vous êtes sur des formules optiques de type SC ou Mak. Vous avez des options en 2 pouces et tout une gamme de focale intéressante.

Milieu de gamme (50 € – 200 € par oculaire)

Globalement, dans la tranche 50–200 €, le champ apparent de 60–70° est un standard, et on peut accéder aux 82° aux alentours de 150–200 €. La qualité optique (piqué, correction) devient satisfaisante pour la plupart des usages visuels, même sur des instruments rapides. Le gain par rapport aux oculaires basiques se voit nettement .

J’aime conseiller les Baader Hyperion qui sont vendu en Kit. Pour envirion 600 euros on a 4 focales : 5, 10 , 17 et 24mm. On a un beau champ de 68° et la qualité est bien sur au rendez-vous. C’est un peu des légendes l’astronomie en plus.

On pourrait citer les Celestron Luminos, il rentrent dans ce budget pour les focales de 7, 10 et 15mm. Au-delà de ces focales, on passe sur un budget un peu supérieur.

Haut de gamme (> 200 €)

Ici figurent les oculaires les plus performants, utilisés par les observateurs exigeants. Les tarifs vont d’un peu plus de 200 € à plus de 1000 € pour certains très grands champs. Que justifie un tel investissement ? Essentiellement : un champ apparent maximal, une qualité d’image irréprochable (piqué, contraste, correction du moindre défaut optique jusqu’au bord) et une ergonomie souvent améliorée. Ces oculaires peuvent littéralement « sublimer » la performance de votre télescope, en donnant des images d’une pureté et d’un confort incomparables – du moins si votre instrument lui-même est de haute qualité et votre ciel à la hauteur. Et que votre télescope est bien réglé !

Parmi les séries phares du haut de gamme, on peut citer :

  • Explore Scientific, 82°, 92° et 100° et même 120° : La marque ES propose également du très grand champ haut de gamme, souvent un peu moins cher que Tele Vue pour une qualité proche. Par exemple, un ES 9 mm 120° a été lancé, ou les ES 25 mm et 17 mm 92° (très confortables, ~600 € chacun).
  • Baader Morpheus

Pour conclure, le choix des oculaires doit être guidé par vos besoins d’observation (grossissements souhaités, type de cibles), les capacités de votre instrument (diamètre, focale, ouverture du porte-oculaire), et votre budget. En connaissant les principes exposés dans ce guide – rôle de la focale, champ apparent vs réel, contraintes de votre télescope, influences du ciel – vous pouvez composer une gamme d’oculaires cohérente qui maximisera votre plaisir sous les étoiles. souvenez-vous qu’un bon oculaire est un investissement durable pour des années d’observation. Bonne chasse aux oculaires, et bon ciel !

Vous pouvez bien sûr passer par Deep Space Astronomy pour vos achats et je suis disponible pour vous conseiller !

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